A quelques jours de l’énévement inouï, l’ouverture du Jublié des 350 ans des apparitions du Sacré-Coeur de Jésus à sainte visitandine Marguerite-Marie Alacoque, le Père Etienne Kern, recteur du Sanctuaire du Sacré-Coeur à Paray-le-Monial, lieu des apparitions, répond à quelques questions pouvant aider à mieux comprendre l’importance du message donné à ste Marguerite-Marie Alacoque et notamment du Jubilé qui débutera le 27 décembre prochain.
Bonne lecutre!
Père, en guise de présentation, veuillez nous dire quelques mots sur vous…
Je suis issu d’une famille catholique pratiquante. Dès mon enfance, la question de la vocation a travaillé mon cœur sans que je sache exactement comment je pourrai y répondre. Dans le scoutisme, j’ai fait l’expérience que la clef du bonheur résidait dans le don de moi-même. En 1995, j’ai commencé mon cheminement vers le sacerdoce à l’âge de 18 ans au sein de la communauté de l’Emmanuel. Née à Paris en 1972, elle est composée de tous les états de vie : laïcs, prêtres et consacrés dans le célibat. Unis par une grâce particulière de fraternité et un profond amour de l’Eglise, ses membres vivent une même grâce d’adoration, de compassion et d’évangélisation, la joie de l’Esprit Saint.
Les prêtres de la communauté sont diocésains et servent habituellement dans les paroisses et la vie ordinaire des diocèses. Après mon ordination en 2005, j’ai été vicaire en région parisienne, pendant six belles années marquées par mon ministère auprès des familles et des jeunes. En 2011, je suis parti au Brésil, à Salvador de Bahia, curé d’une paroisse au cœur des favelas. Après un semestre sabbatique à Nazareth, je suis devenu curé à Aix-en-Provence, dans le Sud de la France en septembre 2018. Enfin, je suis devenu recteur du Sanctuaire du Sacré-Cœur à Paray-le-Monial en septembre 2022. L’animation de ce sanctuaire diocésain est confié à la Communauté de l’Emmanuel depuis 1986, année de la visite du pape Jean-Paul II dans la ville du Cœur de Jésus.
Vous êtes recteur du Sanctuaire de Paray-le-Monial, de la Cité du Sacré-Cœur de Jésus, depuis relativement peu de temps. Quels sentiments vous ont habité lorsque vous avez appris la nomination : joie, inquiétude, tristesse de se retrouver dans une petite ville perdue au milieu de la Bourgogne, une sensation de défi ? Comment voyez-vous votre mission de recteur de ce Sanctuaire ?
Etre nommé Recteur des Sanctuaires de Paray-le-Monial m’a beaucoup impressionné car c’est une mission bien différente de celles que j’avais jusqu’alors en paroisse, avec davantage de visibilité aussi. Mais quelle grâce de servir en un tel lieu et de vivre à quelques mètres du lieu où j’ai rencontré personnellement le Seigneur à 16 ans ! Dieu me donne la grâce de vivre la mission qu’il me confie, alors j’avance sans trop regarder mes capacités personnelles.
Je viens à Paray depuis l’âge de six ans, mais je ne cesse d’approfondir la grâce de ce lieu, qui m’émerveille par sa simplicité, sa profondeur, son actualité. Le Cœur de Jésus, c’est le cœur de l’Evangile ! Le pape Pie XI rappelait que la dévotion au Sacré-Cœur n’est pas une dévotion parmi d’autres. Elle est le « résumé de la vie chrétienne ».
C’est aussi une magnifique expérience d’Eglise. Travailler avec les prêtres de la paroisse, les sœurs de la Visitation, les pères jésuites, les membres de la Communauté de l’Emmanuel, les bénévoles … est très stimulant. Comme st Claude et ste Marguerite-Marie hier, nous nous recevons comme frère et sœur pour servir ensemble le Sacré-Cœur.
Est-ce que le message de Paray : les apparitions du Sacré-Cœur, la vie de Saints de cette ville : ste Marguerite-Marie, Claude la Colombière, ont pour vous, aussi, une dimension personnelle ?
C’est ici, à Paray, que j’ai vécu une expérience fondatrice de rencontre personnelle avec le Seigneur à l’âge de 16 ans. Je participai au Forum des jeunes, rassemblement de 4000 jeunes animé par la Communauté de l’Emmanuel au cours de l’été. Pendant la soirée d’adoration, j’ai vécu la présence vivante du Seigneur dans l’Hostie consacrée. J’ai compris que Jésus était réellement présent, qu’il m’aimait et que j’étais donc aimable. Cela a transformé et enflammé le cœur de l’adolescent que j’étais. C’est à partir de là que j’ai commencé à prier tous les jours et à vivre ma foi de manière plus personnelle et intérieure.
Est-ce que d’après vous, le message de Paray-le-Monial pourrait être aussi intéressant pour l’homme d’aujourd’hui ?
Paray-le-Monial est davantage qu’un simple jalon dans l’histoire de la dévotion au Sacré-Cœur. C’est un lieu de grâce vivant où des milliers de pèlerins continuent d’expérimenter aujourd’hui la bonté, la consolation et la puissance du Cœur de Jésus, qui relève, transforme et envoie en mission celui qui Le rencontre. Paray est un lieu de repos et de consolation sur le Cœur de Jésus. « Venez à moi », dit-il dans l’Evangile, « vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et je vous reposeraiv car je suis doux et humble de cœur » (selon Mt 25, 28-30). Paray est aussi un lieu où expérimenter la miséricorde divine, comme je l’ai moi-même vécu pendant mon adolescence.
Père, dans quelques jours commencera à Paray-le-Monial le Jubilé des 350 ans des apparitions à ste Marguerite-Marie Alacoque, dans la préparation duquel vous êtes évidemment bien impliqué. Pourriez-vous expliquer l’importance d’un Jubilé dans la vie d’une communauté chrétienne, de l’Eglise, et bien sûr l’importance de ce Jubilé des 350 ans des apparitions ?
Mon expérience au Brésil avait attiré mon attention sur l’importance des anniversaires. Les Brésiliens sont très sensibles aux anniversaires, marquer les étapes, les « petites victoires ». Au niveau personnel (on chante les anniversaires tous les jours à la fin de la Messe), communautaire (chaque groupe a sa fête annuelle qui commémore sa fondation) et paroissial (la fête patronale est très solennisée et précédée d’une neuvaine préparatoire qui implique tous les paroissiens).
350 ans, ça se célèbre, non ? Dans ses écrits, sainte Marguerite-Marie fait mention d’une trentaine d’apparitions. Mais on considère habituellement qu’il y a trois apparitions principales qui ont eu lieu le 27 décembre 1673, le premier vendredi d’un mois de 1674 et dans l’octave de Corpus Christi en 1675. Le Jubilé couvre donc toute la période de ces trois événements fondateurs.
En arrivant à Paray, je portais dans le cœur le thème de la réparation. Et la première chose dont m’ont parlé les sœurs de la Visitation … c’était la réparation ! Ce thème peu approfondi depuis la fin du XX° siècle revient aujourd’hui en force dans notre société, notamment à l’occasion de la révélation des abus. Paray a quelque chose à dire à l’Eglise dans ce contexte.
Toutefois, le mot de ‘réparation’ nécessite d’être expliqué car il peut facilement être mal compris. D’où le recours à l’expression « rendre amour pour amour » si souvent utilisée par ste Marguerite-Marie. Elle exprime de manière compréhensible par tous, le dynamisme spirituel de la réparation.
Quels sont les points-phares de ce que sera proposé durant le Jubilé ? (fêtes, retraites, rencontres…)
Le 27 décembre aura lieu l’ouverture du Jubilé, en présence de Mgr Celestino Migliore, nonce apostolique en France, en présence de plusieurs représentants des réalités ecclésiales attachées au Sacré-Cœur [Messe d’ouverture à 11h00 depuis la Basilique du Sacré-Coeur de Paray-le-Monial sera retransmise en direct sur KTO]. De nombreuses rencontres sont organisées tout au long du jubilé, habituellement autour du 1° vendredi du mois. Les fêtes liturgiques seront particulièrement soignées, notamment la fête du Sacré-Cœur (6 juin 2024 et 27 juin 2025).
Par ailleurs, un colloque international est organisé du 1° au 5 mai 2024, sur le thème du jubilé: « Rendre amour pour amour », à Rome.
Une rencontre internationale des supérieurs généraux de congrégations masculines et féminines liées au Sacré-Cœur aura lieu à Paray-le-Monial les 14 et 15 octobre 2024, autour des fêtes de sainte Marguerite-Marie.
Un concours artistique est lancé, afin de solliciter les artistes pour proposer à nos contemporains de nouvelles œuvres d’art de qualité représentant le Cœur de Jésus.
Les informations concernant tous ces événements se trouvent sur le site du sanctuaire : https://sacrecoeur-paray.org
Pour participer au Jubilé est-ce qu’il faut absolument venir à la Cité du Sacré-Cœur ?
Oui, venez à Paray, venez boire à la source de la miséricorde, venez au Cœur de Jésus.
Pourquoi venir en pèlerinage ? Parce que le Cœur de Jésus reste plus que jamais ouvert à tous. C’est auprès du Cœur de Jésus que le cœur de l’homme reçoit sa pleine capacité à aimer, comme le disait le pape Jean-Paul II !
C’est véritablement à partir des apparitions à Sainte Marguerite-Marie que la dévotion au Sacré-Cœur va se répandre dans le monde entier. En ce sens, Paray est source de la dévotion au Sacré-Cœur. Or, ces apparitions sont mal connues. Parfois, la dévotion au Sacré-Cœur a pu en rester à un niveau un peu superficiel, s’égarer dans le sentimentalisme ou souffrir de représentations aujourd’hui dépassées. A l’école de ste Marguerite-Marie, la véritable dévotion au Cœur de Jésus rend notre cœur semblable au sien – doux et humble – et nous fait entrer dans sa compassion. Pour reprendre les mots du pape François, nous adoptons le style de Dieu qui est tendresse, proximité et compassion.
Pour toute information pratique, contactez le sanctuaire : sanctuaire@paray.org ou 0033 6 85 04 84 60.
Père, quel serait le plus beau fruit du Jubilé des 350 ans des apparitions ? Pour vous, pour l’Eglise ?
Nous préparons beaucoup de choses et j’espère que cela correspond bien à la volonté du Seigneur. Mais nous ne savons pas ce que lui fera ! Alors, soyons prêts à accueillir le don de Dieu. Laissons-nous surprendre par lui !
Merci beaucoup, Père!
Intronisation du Sacré-Cœur: interview
Quelle place dans la vie d’un chrétien la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus devrait-elle prendre? Comment faire régner l’amour du Christ au quotidien ? En quoi consiste l’idée de l’Intronisation du Sacré-Cœur de Jésus… et en quoi pourrait-elle changer la vie ?
Le Père Gwénaël Queffelec, prêtre de la Communauté de l’Emmanuel, répond à ces questions et à quelques autres.