Le 20 octobre 2021 dans la paroisse Saint-Hildevert de Gournay-lès-Lyons, une soirée de prières et de témoignages a été organisée. Elle s’est déroulée au cours de la Semaine Missionnaire Mondiale, du 17 au 24 octobre 2021. Une quarantaine de personnes se sont retrouvées pour un temps de louange, de lecture de la Parole, de méditation, et de témoignages. L’ambiance chaleureuse a été ponctuée de chants soutenus par un piano et une guitare facilitant la louange à l’Esprit Saint.
Tout au long de cette soirée, les participants ont été invités à se questionner :
- Dans ma vie, ai-je entendu des témoins du Christ et de son message ?
- Ai-je déjà senti dans ma vie la présence de l’Esprit Saint ? À quels moments ? À quelles occasions ?
- Est-ce que j’ai déjà raconté à d’autres comment Dieu avait agi dans ma vie ?
- Est-ce que je prie le Seigneur de me donner son Esprit Saint pour que je devienne son témoin ?
- Qu’est ce que j’attends ? …
Après une réflexion personnelle, deux paroissiens, Philippe et Hugues, ont pris la parole, témoignant de leur vie de foi dans le quotidien. Dans son témoignage, Philippe, intervenant comme éducateur dans un centre de personnes handicapées où la laïcité est de rigueur, a souligné que l’expression de sa foi dans son travail n’est pas possible. Cependant, sans exprimer verbalement sa foi, tout le monde sait qu’il est chrétien. Son comportement, ses gestes, sa relation avec les personnes du centre transpirent ce qui habite au plus profond de lui. Le regard qu’il porte aux autres est nourri de l’amour, de l’espérance reçus de sa relation à la Parole du Christ et guidé par l’Esprit Saint. Sans verbaliser sa foi, tous ses collègues savent ce qui anime Philippe au plus profond de son être. Il se sent d’ailleurs observé, afin de voir si ses actes sont en concordance avec sa foi.
Mais cette relation intérieure à la source de Celui qui est l’Amour est une vraie joie dans sa vie professionnelle et personnelle, malgré l’impossibilité de l’exprimer avec des mots dans le cadre professionnel. Il ne dit plus d’ailleurs qu’il y a un éducateur en contact avec des personnes handicapées, mais « un éducapé en relation avec handicapeurs ». On perçoit là l’explosion des frontières habituelles. Philippe crée une autre relation, qui va plus loin qu’un travail bien accompli. Il entre en communion dans sa relation aux autres, nourrit par celui qui est l’Amour.
Il y avait dans le témoignage de Philippe un grand écart réalisé entre se taire sur sa foi dans son métier et néanmoins refléter la puissance du Christ ressuscité présent au plus profond de son être.
Il est certain que l’humour de Philippe est un outil facilitant sa relation avec les gens qui l’entourent, croyants et non-croyants. Son goût pour la musique et sa pratique de la guitare permettent également d’exprimer ce qu’il vit au plus intime, bien au-delà des mots. Ainsi l’’art est un moyen d’expression possible dans nos sociétés laïques afin de faire ressentir le beau, reflet du créateur.
Ci-dessous, le témoignage d’Hugues:
« Je suis artiste magicien (comédien, prestidigitateur) depuis trente cinq ans professionnellement et sur scène depuis quarante-cinq ans. L’art a toujours eu une place capitale dans ma vie et il est évident que ma relation à l’art est très importante.
En 1975, âgé de onze ans, je suis allé avec mes parents au pèlerinage de Rome. Seul enfant du groupe, je ne me sentais pas vraiment concerné, voir même totalement déconnecté des objectifs de ce voyage. Cependant au moment de la visite de la basilique Saint-Pierre de Rome, et me trouvant face à la piéta de Michael Ange, je suis resté en admiration devant la sculpture. Totalement absorbé par l’œuvre, dans un état d’émerveillement, d’extase même. En quelques instants, l’artiste disparu depuis plusieurs siècles, réussissait à me faire ressentir la puissance de ce moment dans la vie de Marie et de Jésus, le Christ mort, descendu de la croix, dans les bras de sa Mère représentée très jeune par l’artiste. Dans ce moment de douleur extrême, d’une ultime souffrance pour Marie, se dégageait une grande sérénité, une paix profonde. J’étais totalement saisi par cette œuvre d’art, m’apparaissant aujourd’hui pleine de paradoxes.
Ce jour là, je compris que l’art peut exprimer bien d’avantage que les mots.
Aussi, dans mon métier artistique, à mon humble niveau, j’essaie aussi de transmettre aux gens quelque chose de profond : la joie, par le rire, la fantaisie, dans un monde parfois bien complexe et terrible. Comme saint Jean de Bosco, saint Patron des prestidigitateurs, exerçant lui-même des tours de magie aux enfants, j’essaye d’exprimer toute la joie et la confiance transmises par Jésus au cœur de ma vie. Pour moi, les dernières paroles de Jésus avant de devenir invisible à nos yeux sont très claires : N’ayez pas peur, je serais avec vous chaque jour, jusqu’à la fin de ce monde et je vous enverrai ma paix et ma joie..
L’art a cette force de toucher les cœurs, tout comme le Christ a pu le faire. Pour moi aussi ce don, ce goût pour communiquer l’étonnement, l’émerveillement au public est en lien direct avec l’émerveillement reçu du Christ par l’Esprit Saint. Ainsi, de nombreux signes m’ont été donnés en réponse à mes multiples questions.
J’ai demandé et j’ai reçu, bien au-delà des mes espérances.
J’essaie de transmettre dans mon rôle d’artiste sur scène, et comme pédagogue dans l’équipe de France où j’enseigne, la confiance en nos rêves, la confiance en la vie. Dieu est la source de toute vie. Et avec le Christ, ce qui semble impossible au premier regard, devient possible. Le Christ à vaincu la mort. Il a redu possible la victoire de la vie sur la mort. Aussi, à ma petite échelle, chaque fois que je réalise un tour de magie, j’exprime par une métaphore artistique que l’impossible peut devenir possible, par notre imaginaire, grâce aux rêves.
J’ai été saisi par cette merveilleuse parole du Christ : N’ayez pas peur, je suis avec vous chaque jour au moment du décès de ma jeune sœur Hélène partie à quelques jours de ses trente trois ans, d’un cancer foudroyant, laissant son mari et ses deux petites filles de deux ans et demie et de quatorze mois. Ses derniers instants n’ont été que sourires sur sourires, disant dans un dernier souffle : Je n’ai pas peur, puisque je suis avec mon prince charmant.
Alors que j’aurais dû m’effondrer, je ne pouvais pas taire que Jésus me soutenait et qu’en moi, Il me donnait sa paix et sa joie, soufflant au fond de mon être : Je suis là à tes côtés.
Oui je suis saisi, émerveillé.
Dès qu’on m’interroge, je partage cette joie et paix donnée par Jésus, mais aussi, dès que j’entre en scène en émerveillant les spectateurs »
Ensuite, un temps d’échanges a suivi les témoignages, conduisant tous les participants à un moment de prières spontanées. Les chants invitant à proclamer les signes reçus de la part du Seigneur ont terminé cette soirée, si enrichissante – l’une des initiatives de la Semaine Missionnaire Mondiale.
(texte : Hugues Protat)